Un…deux…trois… Tes doigts qui tambourinent lascivement contre le verre, alors que ton regard se perd ailleurs. Pour un peu, tu pourrais presque regretter d’avoir choisi cet homme-là pour t’accompagner au grand gala de charité en l’honneur de l’hôpital de Sainte-Mangouste. Comme si tu avais eu le choix, me diras-tu. L’offre s’était avérée tentante, et généreuse surtout. Ton unique rôle constituait à jouer la parfaite lady, celle à qui l’on offre le bras, à qui l’on murmure de douces paroles et contre lesquelles tu te dois de sourire, amusée bien entendue. Au mieux, tu peux offrir autre chose en échange de l’argent qui te sera donné, bien entendue, c’est un peu plus cher, néanmoins le prix pour pouvoir poser les mains sur toi, au même titre que celui pour lequel tu te dois d’écouter les confidences sur l’oreiller. L’avantage d’être une femme, d’être une douceur à la fin de la journée de monsieur, qui en arrivera tôt ou tard à se targuer de ses exploits futurs. Et cet homme que tu accompagnes… Ah, ce n’est pas le petit poisson de la mare, bien au contraire, mais la perle rare que tu as bien eu du mal à dénicher, pis encore, celui qu’il a fallut attirer dans tes filets, à défaut de ceux des autres concurrentes. Grand bien t’en fasses, tu es d’une beauté quelque peu exceptionnelle, poupée de porcelaine au regard transcendant, à la chevelure blanche. Excentrique certes, classe, bien naturellement. De cette façon, tu attires le regard, et plus particulièrement le sien. Beau jeune homme qui ne sait pas encore ce qui l’attends. A ses yeux, tu n’es que Sÿlhoe, sans nom de famille, il n’importe que peu, pour d’autres, tu es la Scarlet, mais peu pourraient te reconnaître en tant qu’Ehrzeÿna Yaxley, pour cause… Tu as bien changé depuis Poudlard, troquant ta chevelure brune et commune contre ce blond virant sur le blanc, ton visage de petite fille sage pour celui de la séductrice classieuse. Tu aimes ce changement brutal, ce masque porté, ce rôle donné. Qu’importe le pourquoi qui t’as poussé à tout cela, la vie te semble bien plus douce de cette façon. Tu n’en est que plus méconnaissable. A peu de choses près, cela pourrait passer pour un semblant de schizophrénie, mais seul le cœur est malade, détail que tu préfères oublier, alors que tes lèvres rouges viennent entraver le verre, s’entrouvrant légèrement pour laisser passer la boisson dorée et parée de bulles pétillantes. Champagne. Quelque part, bien entendu, tu as des goûts de luxe. C’est ce léger détail qui d’ailleurs, t’a poussé à accepter l’invitation de ce charmant trentenaire. Il n’est pas n’importe qui dans la société sorcière, et le compromis qui te mènera irrémédiablement dans son lit te paraît convenable. Il est d’ailleurs temps de te mettre au travail, au risque de prendre racine, à écouter ces dames parler de leur service à thé, ou encore même de la goule qui a élue domicile chez l’une d’entre elles. Par Merlin, tu préfèrerais encore que ton cœur s’arrête rapidement plutôt que de finir comme ces dernières. Toi, tu vis de savoir, d’aventures, et de palpitations que t’indiquent que tu es encore de ce monde. Et celle de l’instant te pousse à poser tes lèvres rouges sur celles de ton compagnon du soir, ton bras glissant amoureusement sous le sien… Te voilà égérie pour son compte, délicieuse sorcière aux mœurs douteuses bien cachées. Ta réputation n’est pas à prendre à la légère, au même titre que ta discrétion. Tu tiens à tout cela. Car alors… que dirait ta famille si elle savait dans quoi tu te baignes avec délectation ? Oh comme mère serait déçue, quant à la fratrie… Bien piètre exemple. Néanmoins, à quoi bon s’inquiéter ? Puisqu’en l’instant, tu as seulement l’air d’être la compagne de cet homme aux mœurs douteuses, mais prometteuses de merveilles pour la suite de ta soirée, voilà que tu esquisses un sourire charmeur, salue les autres invités d’honneur, et glisse vers la suite des évènements avec l’allure plus que certaine. Tu es femme de l’ombre, pourtant toujours dans la lumière.


EHRZA — vue par une ancienne camarade de Poudlard.

« La seconde Yaxley ? Une perle rare dans son genre, discrète et pourtant toujours présente lorsqu’il s’agissait d’avoir le dernier mot dans une affaire qui aurait put la concerner, elle ou le reste de sa fratrie. En fait, je me souviens d’elle comme une préfète de choix, capable d’assurer le silence d’un groupe par un simple mouvement de baguette. Jamais hésitante, toujours sûre d’elle. Bonne duelliste de surcroit, je ne me souviens pas avoir eu une seule fois l’ascendant sur elle… Certainement parce que je ne suis pas très douée avec une baguette en même temps. Côté garçons… Elle a bien eu le béguin pour un autre sang-pur, mais rien de sérieux, après…on ne lui a jamais vraiment connu d’histoires transcendantes, comme je le disais, elle a toujours été très discrète. Elle se mêlait facilement aux autres, mais se faisait toujours méfiante, vérifiant par elle-même les bruits de couloirs, les ragots et réputations. Les évènements ont voulu qu’on se perde de vue… mais j’ai entendue dire qu’une histoire d’amour ayant mal terminé la conduite à s’exiler quelque part ailleurs. Peut-être une fable déguisée pour dire qu’elle a fini a Azkaban ? Ce sont des rumeurs, mais on ne sait jamais ce qui est vrai ou faux. En tout cas, je peux vous avouer une chose : le jour où elle refera son apparition, elle sera certainement fidèle à elle-même : discrète et pourtant bel et bien présente. Un bon conseil cependant : mieux vaut se méfier d’une Yaxley. Elles sont farouches dans leur genre, et je crains qu’Ehrza soit bien la pire dans ce domaine. Vous auriez vu l’humiliation qu’elle a fait subir à un élève de Serdaigle durant notre sixième année, déballant sur lui tout ce qu’elle avait put entendre et qui s’était vérifié comme étant plus que véridique ! Essayez juste d’éviter d’ennuyer la belle, ce serait mauvais pour vous. »