∞ PASSEPORT DU SORCIER

◗ nom : Travers. Si vous n'avez pas encore entendu parler de ce nom, ce n'est pas bien grave. Rudyard compte bien s'arranger pour redorer le blason familial. Il faut préciser que les Travers agissent comme un clan, se fiant à ce que le chef de famille aura décidé pour eux. Maintenant que le paternel est mort, Rudyard y voit une occasion inespérée. Il n'est pas question de laisser son aîné à cette place : après tout, ils n'ont qu'un an de différence et il est persuadé d'être plus intelligent que lui. Ce titre lui reviendra, de gré ou de force.
◗ prénom(s) : Rudyard, charmante idée parentale qui se réfère à un lac anglais que l'intéressé a pris en affection, ce lac est un peu "son" lac. Quand à Crux, son deuxième prénom, il vient d'une étoile. Ca n'arrange pas l'ego du sang-pur ...
◗ surnom(s) : Rud pour ses connaissances. Il prend très mal le surnom "Rudy". Ses amis le surnomment "prof" ou "docteur" selon l'humeur. Il est du genre à sortir une anecdote historique improbable pour relancer une conversation et a déclenché bon nombre de débats dans des bars. C'est le meilleur moyen de se faire payer un verre, toutes ses statistiques le confirment.
◗ âge du personnage : D'ici quelques mois, Rudy entrera dans la trentaine. Il n'y tient pas vraiment. Né le 1 novembre 1951 à Sainte-Mangouste, il aimerait bien finir centenaire. Mais seulement après avoir découvert la pierre philosophale.
◗ nature du sang : Sang-pur, difficile de l'ignorer avec les Travers. Ils portent leur pureté de sang comme un étendard et Rudyard n'échappe pas à la règle. Il en fait simplement moins étalage, se contentant de mentionner son nom. Nul besoin d'entrer dans les détails.
◗ affiliation : Soldiers. La guerre fera des blessés, ce qu'il appellerait des "dommages collatéraux", et le sang-pur se dit que le vent est en train de tourner. Après avoir étudié tant de fois l'Histoire, pas question d'y échapper.
◗ travail/occupation : Sorti de Poudlard, il a immédiatement postulé à Gringotts. Quelques années et deux séjours prolongés en Suède au sein d'une banque magique, il a gravi les échelons et est désormais Gestionnaire financier. Un titre ronflant, un joli chèque en fin de mois et des responsabilités : tout ce dont il rêvait. Son prochain objectif ? Prendre la place de son supérieur actuel. Les deux sorciers restent courtois mais se vouent un mépris à peine dissimulé, chacun espérant se débarrasser de l'autre rapidement.
Parallèlement, Rudyard a co-écrit une série d'articles pour un magazine sorcier sur le thème des empoisonnements magiques au fil des siècles. Il aimerait prendre le temps de se pencher encore là-dessus, l'Histoire et les poisons font partie de ses passions.
◗ épouvantard : L'épouvantard de Rudyard se manifeste sous les traits d'un vieil homme seul, fatigué, détesté de tous : lui-même. A cette image peu réjouissante s'ajoute le fait que le vieux en question est sénile et incapable de tout mouvement. Si la mort n'effraie pas le sang-pur, l'idée qu'il pourrait être à ce point impotent le tétanise
◗ patronus : Un fennec. Aux dernières nouvelles, peu après Poudlard, il s'agissait encore d'une loutre. Weasley n'est pas innocent à ce petit changement ...
◗pêle mêle d'informations complémentaire: Conscient de ses capacités, Rudyard a un ego disproportionné. Il n'a jusque-là jamais connu d'échec et a toujours compris rapidement ce qu'on lui demandait. Ses détracteurs disent qu'il ne s'est justement jamais confronté à un domaine qui ne lui plaît pas et qu'il travaille bien plus que ce que sa nonchalance fait croire ❇ On gagne peut-être beaucoup à le connaître, mais pas à le côtoyer de trop près : Rudyard a un penchant pour le chantage affectif et ne s'en rend pas compte ❇ Une fascination morbide pour l'Histoire (sorcière ou moldue) et ses périodes les plus noires. Ses amis lui offrent toujours des livres d'Histoire portant sur des périodes méconnues du grand public et généralement sanglantes pour ses anniversaires ❇ S'il pouvait, Rudyard passerait sa vie dans l'eau. Dans le mois de mars, il se baigne dans un lac près de chez lui. En hiver, il passe une bonne partie de son temps libre dans sa baignoire ❇ Maniaque voire un peu control freak, il ne supporte pas que l'endroit où il vit soit sale ou simplement en désordre. Il a du mal à ne pas étrangler ses camarades de dortoir lorsqu'il était étudiant ❇

∞ INTERVIEW POUR LA GAZETTE

Bonjour, je suis journaliste pour la gazette du sorcier, et je vais vous poser une série de question. Vous allez devoir être honnête car il va falloir y répondre comme si vous étiez sous l’emprise de veritaserum, alors s’il vous plait, jouez le jeu et c’est parti pour cette interview !

◗ Vous ne vivez pas dans un trou perdu à ce que je sache alors laissez moi vous poser cette question qui me brûle les lèvres : que pensez vous de cette guerre ? Car oui, vous ne l’ignorez sans doute pas, nous sommes en guerre, on dit que les différents camps diffèrent sur leur position quant à la nature du sang. Donnez-nous donc votre avis sur cette guerre, et sur la façon dont elle vous touche (ou pas d’ailleurs) ? La guerre ... Je crois que ça m'est égal. Une mort me touche lorsqu'elle arrive dans mon entourage personnel, bien que j'éprouve moins de sentiments que la plupart des gens que je côtoie. Mais lorsqu'il s'agit de guerre, attentats et statistiques ... Je ne dirais pas que cela m'est égal, mais c'est une nouvelle comme une autre. Cela ne m'intéresse guère. Je ne désire que protéger mon entourage et par dessous-tout, profiter d'un évènement pareil pour ma situation personnelle. Il faudra bien des gens dans mon genre tôt ou tard. Vous savez, le genre de personne contre lesquelles votre mère a du vous mettre en garde.

◗ Intéressant, intéressant, je note. Votre camp, comment l’avez-vous choisi ? Par conviction, par pression, ou bien c’est parce que vous n’en avez strictement rien à faire des autres ? Mon allégeance à Voldemort, quoique discrète, se résume grâce à deux points : j'ai de l'ambition et je compte bien profiter des privilèges que ma naissance m'offre. Je suis un sorcier de sang-pur, me battre pour une question d'égalité m'indiffère. Je n'ai rien à y gagner et si égoïste que cela puisse paraître, c'est mon temps, je m'accorde le droit de l'utiliser avec tout le nombrilisme possible.
De manière tout aussi pragmatique, j'ai de l'ambition. Vous n'imaginez pas à quel point. Je veux faire de grandes choses, et je compte m'en donner les moyens. Le Seigneur des Ténèbres arrivera au pouvoir. Je le sens, en tant que sorcier porté sur la divination. Je suis aussi un homme de sciences et j'ai soupesé des mois cette donnée avant d'en être satisfait. J'estime que les Mangemorts ont 64% d'arriver au pouvoir dans les six mois à venir. Et cette probabilité augmente de manière exponentielle. Je ne suis pas fou : je me range du côté des vainqueurs. Les bons sentiments n'ont jamais fait des gouvernements fiables.

◗ Ainsi, j’y vois maintenant plus clair, et je commence enfin à vous cerner. Ça a beau être la guerre, et quel que soit le camp dans lequel on se trouve on rêve tous d’un monde meilleur. Si vous devriez vivre d’espoir, comment aimeriez vous que soit votre vie dans dix ans ? Lorsque je me sens d'humeur un peu guillerette, mes envies changent. Je ne ressens toujours pas spécialement le besoin de fonder une famille, mais j'aimerais tomber sur la bonne personne avec qui faire ma vie. Et mon rouquin serait parfait s'il n'était pas un homme. Je ne vais pas rêver de droits égaux pour notre couple, je souhaite juste la possibilité de m'afficher comme un couple avec lui. Cela n'arrivera sans doute pas.
Si bien que le reste de mes espoirs est au moins aussi idéaliste, mais j'ai suffisamment d'ambition pour y parvenir. Je veux voyager. Énormément. Les cultures moldue et sorcière ont beaucoup à m'apprendre et j'ai envie de profiter du climat de beaucoup de villes, de me baigner dans toutes les mers du monde et de tester le maximum de lacs avant d'être un vieux croulant. Je veux par dessus-tout que ces années de connaissances accumulées me permettent de m'intégrer. Je veux un travail important, de l'influence. Et dans l'idéal ... Mon nom dans un livre d'Histoire.

∞ PASSÉ TROUBLE, AVENIR INCERTAIN

Trois longueurs dans le lac Rudyard.

Je ne pourrais pas vous dire que Rudy a été un enfant particulièrement difficile à vivre. Il y a des jours comme celui-ci où je ne m'inquiète pas. L'été est une saison merveilleuse pour lui, j'ai l'impression de le voir renaître chaque année, lorsque la température du lac derrière la maison lui permet de se baigner. L'étang n'avait jamais eu de nom avant, mais nous le surnommons le lac Rudyard. Lorsque la famille est unie, vous savez. Ca n'arrive pas tout le temps.
Il y reste presque toute la journée, je l'entends plonger tôt le matin et les éclaboussures dans l'eau parviennent à mes oreilles plusieurs fois par jour. La plupart du temps, il est immobile et se laisse flotter, sur le dos, en croix. C'est si rare de le voir aussi serein, vous savez.
D'aussi loin que je me souvienne, mon fils n'a jamais été d'un naturel facile à vivre. Je l'ai vu plus d'une fois piquer une colère noire. Lorsque la magie s'est manifestée chez lui la première fois, il s'en est pris à son frère et je ne sais pas ce qu'il se serait passé si Hugh n'était pas intervenu. Rudyard s'est toujours montré d'une sérénité à toute épreuve avant de laisser éclater sa colère contre un véritable raz-de-marée. Vous voyez, le calme avant la tempête.
C'était un enfant intelligent. J'ai toujours pensé qu'il accomplirait de grandes choses. Durant la moitié la plus froide de l'année, je me souviens d'un gamin taciturne, qui mettait difficilement le nez dehors puisqu'il ne pouvait pas nager. Les premières années, c'était attendrissant de le voir si méthodique. Rudyard organisait son existence selon des rituels très précis. Tout devait être parfaitement ordonné dans sa chambre. Dans le manoir familial tout entier. Un livre laissé ouvert sur une table suffisait à lui ôter le sourire pour la journée. Je pense qu'il avait besoin de repères. Rudyard grandissait vite et s'accaparait déjà le pessimisme des adultes. Un enfant ordinaire, simplement un peu mélancolique. Je ne sais pas si ses facultés et son envie de tout savoir lui ont gâché son enfance. J'ai souvenir de négociations avec lui pour vérifier qu'il ne lise pas à la lueur d'une bougie toute la nuit. Le consigner sans livre dans sa chambre n'avait pas suffit. Il était tombé de la fenêtre du premier étage, décidé à passer en longeant le mur extérieur si le couloir lui était interdit. Je crois qu'il avait envie d'attirer notre attention pour obtenir notre amour, de ne pas laisser son aîné l'éclipser. Mon fils aime briller dans le regard des autres, et ce n'était pas sa position de cadet qui l'empêcherait d'avoir de l'ascendant sur nous. Il a longtemps pratiqué le chantage affectif, et je sais qu'il ne s'en sentait pas coupable.
Son insouciance m'a rendue malade plus d'une fois. Rudyard se rendait compte des risques qu'il prenait mais je crois que le concept de mort, d'arrêt de la vie, a toujours eu un relief particulier à ses yeux. Il ne le comprenait pas tout à fait, ou le voyait avec le pessimisme d'un adulte, la certitude que cela arriverait tôt ou tard et qu'il valait donc mieux ne pas se soucier d'un événement contre lequel il ne pouvait rien. Et puisque la mort ne signifiait rien pour lui, je crois qu'il n'a jamais développé cette notion de bien et de mal. Les récits de grandes batailles le fascinaient, mais il était incapable d'éprouver de la compassion. La mort d'un être était grave, mais celle de centaines d'autres était simplement une statistique à ses yeux.
Avec le temps, ses manies se sont faites moins présentes. Mais sa vision des autres, l'empathie qui lui faisait tant défaut, ne lui ont jamais manqué.
Rudyard n'est pas un monstre. Il est juste différent. Il n'a pas ... Il n'a pas la même sensibilité, mais je suis convaincue qu'il en a une.



Deux brasses dans le lac de Poudlard.

« Tu le feras pas, Travers. » grelotta un des Serpentards, une serviette à la main. Il faisait froid. Le mois de mars n'était pas clément avec le château de Poudlard, mais le lac avait dégelé. Il renonça à l'idée de regarder maintenant le thermomètre qu'ils avaient emporté, le laissant dans les mains de Weasley qui n'avait pas l'air à l'aise. Un autre élève de leur dortoir restait un peu en arrière, jetant des coups d'oeil fréquents vers la porte d'entrée du château, priant pour qu'aucun adulte ne sorte. Ils auraient bien du mal à justifier cette petite escapade. Millie, sa petite-copine qui faisait office de piège rapportée dans leur petit groupe, se dandinait d'un air mal à l'aise. « J'ai froid. »
[color=indianred]« On n'a qu'à rentrer. Il ne le fera pas. » plaisanta le rouquin. A la lueur de la lune, Weasley avait un petit on-ne-sait-quoi de fantômatique. Il lançait un regard goguenard sur Rudyard et les autres n'en furent pas étonnés. Rudyard et Jeremiah étaient-ils vraiment amis ? Sans quelques connaissances communes et la nécessité de cohabiter pour ne pas s'étrangler mutuellement de rage, sans doute se seraient-ils bornés à quelques échanges de grognements. Tous deux affichaient un vague mépris sur l'autre construit sur une habitude et un léger malaise. Parce que l'autre en question était différent, que Weasley était actif tandis que Travers passait ses hivers dans une semi-hibernation, dans un igloo de lectures qui l'aidaient à maintenir en dessous de 10% son taux de réalité, selon ses propres dires. Parce que leur maison tout entière s'était amusée de leur guerre de territoire dans le dortoir commun, déclenchée par une valise laissée dans le passage qui avait mis Travers, le si ordonné Travers, dans une colère noire avant qu'il ne redevienne apathique.
Le pari était stupide, mais les Serpentards commençaient à croire que le jeu en valait la chandelle. Il fallait être objectif, se baigner au début du mois de mars dans le lac de Poudlard, en pleine nuit, était stupide. Mais c'était le genre de stupidité que Rudyard, Rudyard est son petit air de génie, Rudyard et son ambition démesurée, Rudyard et son besoin de s'intégrer dans un groupe, étaient capables de faire. Au cours de ces cinq années de camaraderie, tous l'avaient vu changer. Il restait distant, peu bavard sur sa personne. On retenait de lui un goût prononcé pour l'Histoire, morbide, et les potions. De préférence, les plus néfastes. Et une ambition, une ambition ... Quelqu'un d'aussi détaché de tout aspect sentimental, qu'ils n'auraient pas pu définir comme mesquin, n'avait pas paru trouver sa place chez eux. Jusqu'à ce qu'il soit une évidence pour eux Rudyard ne se sentait jamais concerné par la contagion sentimentale. Qu'il se forçait à sourire lorsqu'il voyait quelqu'un rire, qu'il optait pour une mine grave, en piètre comédien, lorsqu'il fallait encaisser une nouvelle un peu plus délicate. Il avait été de toutes leurs sottises, mettant son goût prononcé pour la désobéissance et les farces à leur service. Et maintenant ... Maintenant, ils attendaient, petit groupe de vert et argent grelottant.
Il était penché au bord du lac et il y avait quelque chose d'incroyablement calme, d'incroyablement apaisant dans sa façon de regarder cette eau, de laisser ses doigts à sa surface. Difficile de dire si Rudyard avait du charisme. Ils devinrent plus attentif en entendant un léger remous dans l'eau et Weasley, le plus proche reçut quelques gouttes tandis que Rudyard se mouillait légèrement la nuque, laissant quelques gouttes d'eau dégouliner dans son dos. Sa silhouette s'agita quelques secondes tandis qu'il se redressait et posait en toute hâte ses vêtements. Chaussures, chaussettes, pantalons et pull furent déposés dans le bras d'un Weasley incertain.
« Merde, Rud, Rud ... ». Jeremiah tendit un bras pour le rattraper mais le sang-pur s'était déjà écarté, observant le lac avec un air de défi, les pieds à peine posés sur le sol. C'était un défi, le lac de Poudlard. Hors de question qu'il ne le savoure pas.
Silence dans l'eau, aucun remous. Le bruit de ses pas pressés, de l'élan qu'il prenait les pétrifia quelques secondes. Ses pieds se décollèrent du sol et ils le virent plonger, certain de son mouvement.
La tête ne réapparu pas. Dix secondes, vingt secondes, une minute. « Oh le con. » « Tu crois qu'il est ... » « C'est pas possible. Il avait dit qu'il n'y avait pas de risque d'hydrocution, que ... Il n'était pas si con ... » Ils se rapprochèrent du lac, incertains. Prévenir un adulte ? Mettre un de leurs professeurs au courant de ce défi idiot ? « Il faut qu'on ... » commença Weasley.
Remous dans la surface lisse du lac. Le visage de Rudyard, réapparut, triomphant. Dans ses yeux, la certitude de les avoir mouchés, de s'être comporté en idiot avec un certain panache. Il aimait cette eau glacée, la sensation que sa peau était brûlante par contraste. Il s'approcha de la berge de quelques mouvements souples. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il y serait resté plus longtemps. Il aurait été au fond. Il y avait vraiment un calamar géant, dans ce lac ? Il prit appui sur ses avants-bras et accepta une main tendue pour l'aider à se relever. « Tu t'en es bien sorti, Rudy. Et tu n'as même pas perdu tes sous-vêtements, avec ça. » Son ami lui adressa une tape dans le dos tandis que l'intéressé chassait d'un mouvement de main l'eau ruisselant encore sur son visage. « Tu me proposes un bain de minuit ? Mais tu sais que tu n'es pas mon genre. » plaisanta-t-il.
Il se rapprocha du rouquin. Il y avait quelque chose ... D'un peu étrange chez Jeremiah ce soir. Il aurait aimé que les autres ne soient pas là. Pouvoir en parler avec lui. Comprendre cette impression. Un truc chez Weasley, pensa-t-il tandis qu'il récupérait la serviette et se séchait en hâte, indifférent à toute notion de pudeur. Il n'allait pas s'embarasser maintenant, alors qu'il venait de plonger dans une eau glaciale. Il remit ses vêtements, prenant appui sur l'épaule du rouquin lorsqu'il était en équilibre ou que la fatigue se faisait sentir.
Putain de coup de froid. « J'espère que tu t'y connais en médicomagie. Je crois que ton petit pari m'a fait attraper la crève, poil-de-carotte. »


Une tasse dans l'eau de l'Archipel Åland

Comme toujours, je suis à moitié immergé dans l'eau. Il y a quelque chose d'incroyablement rassurant à me sentir entouré d'eau. L'odeur du sel a imprégné ma peau très tôt ce matin, mais le soleil était déjà levé. Le soleil est toujours levé à cette période de l'année dans l'archipel. J'aime Aland, cette poignée d'îles jetée entre la Finlande et la Suède. Avoir mon île rassure mes envies d'ambition, ma soif de pouvoir. Où que j'aille et quoi qu'il se passe, il y a un coin à moi, perdu dans les bois et presque encerclé par l'eau. Une petite parcelle de terre qui comprend une maison, pas bien grande, trop exigüe pour y vivre l'année, où je pourrai me réfugier.
Je sors de l'eau à grand peine et pose le journal sur lequel j'avais lancé un sort d'imperméabilité avant de l'emporter avec moi pour feuilleter les annonces immobilières. Mal lancé, le sort. L'encre a maculé certains endroits de ma peau. Je retournerai me baigner tout à l'heure, mais certainement pas seul. Ma baguette est posée sur la table, près des couverts déjà installés. Ce que j'aimais chez Katja ? Sa même obsession de l'ordre que chez moi. Et s'il n'y avait eu que ça ... C'est du passé, maintenant. J'ai mon rouquin. De la fenêtre ouverte, je jette un oeil à l'horloge. Dans mon demi-sommeil cette nuit, j'ai senti que Jeremiah ne parviendrait pas à s'endormir avant de longues heures. Nous avons beaucoup parlé. Je le sais inquiet, comment pourrait-il ne pas l'être ? La guerre fait rage en Angleterre, et c'est bien ce qui me pousse à y retourner le plus tôt possible. Une guerre, c'est une redistribution ds cartes à mes yeux, la chance d'avoir une meilleure donne. Pas question de rater le coche ou me laisser attendrir, prendre peur de mourir, ce genre de sottises. Ce ne sera pas sous le soleil suédois, celui qui ne se couche que deux fois par an, mais je compte me faire une place au au chaud.
Il est un peu tôt pour réveiller mon rouquin. Je m'assois sous le porche et profite un peu de l'ombre. Un peu de fraîcheur ne me fera pas de mal. Mes yeux se ferment quelques instants mais je ne prends pas de repos. Demain, il faut contacter la personne qui vend cette propriété dans le Londres sorcier. Après avoir vécu si indépendant pendant plus d'une année en Suède, la deuxième que j'y passe, il n'est pas question de revenir au manoir familial. Mes soeurs me manquent, ma mère également, mais c'est une donnée négligeable. Gringotts m'a repris, je commence dans une semaine. Bon sang, j'oubliais presque qu'il faut encore faire les bagages et que la nuit va se coucher rapidement, si rapidement de retour là-bas. Je rouvre les yeux lorsque Claes revient. Difficile de ne pas m'attarder sur son physique, de ne pas bouffer encore du regard sa barbe de trois jours, les muscles qui se dessinent sous ses vêtements. Je me demande ce que mes camarades de Serpentard, ceux qui ont connu le gosse maniaque et si peu intéressé par les autres auraient pensé de moi en me sachant impliqué dans un ménage à trois. C'est du passé, maintenant, presque du passé. D'ici quelques jours, je vais revenir en Angleterre, et laisser là toute la complicité acquise avec Katja et Claes. Tout a tellement changé, bon sang. Je ne me vois plus capable d'entretenir cette relation à trois. Jeremiah est revenu, c'est tout ce qui compte. Je ne pensais pas pouvoir m'attacher comme ça, avoir cette sensation effroyable de tomber amoureux, j'ai l'impression de reculer pour me sauter. Claes me tend une cigarette magique, j'accepte sans hésiter.
« Est-ce que le rouquin est déjà levé ?
- Tu parles du chat ou du vrai rouquin, Rudy ?
- Le vrai. J'ai vu le chat ce matin.
- Pas encore. Katja a pensé que tu aurais bien envie de le réveiller. »
Je préfère fuir son regard. La situation nous a surpris tous les trois, je devrais peut-être dire tous les quatre. Il n'y a guère que Napoléon, le chat que Jeremiah m'avait offert, qui n'a pas eu l'air excessivement troublé. Je me demande à quel point les autres ont pu me cerner. Mon père s'est toujours douté que j'étais inconstant, et que j'avais suffisamment peu d'empathie pour être incapable de me plaire tout à fait dans un mariage arrangé. La baguette que j'ai achetée à Ollivander, érable et cheveu de vélane, ambition et séduction, me paraît aujourd'hui presque une prophétie. Quand à Serpentard ... Je pense que ma soif démesurée de pouvoir n'y est pas étrangère. Je discute encore quelques minutes avec Claes, profitant du calme sur l'île. Le chat et premier consul sort de la maison en miaulant et juge bon de venir sur mes genoux, non sans m'avoir lancé le regard que tout chat la lorsque vous avez encore un peu d'eau sur vous.
« Bien sûr que ça va faire bizarre. J'ai eu la réponse de mes parents. Ils sont impatients de me revoir. D'ici une semaine, ils me proposeront de nouvelles fiançailles.
- Et tu t'y feras ? Toi, Rudyard-l'intrépide, celui qui se jouait des conventions sociales et vivait en ménage à trois avec ta fiancée suédoise et un autre homme ?
- Oh, tu sais très bien que je ne suis pas si rebelle que ça. Je suis horriblement arriviste, c'est assez incompatible. Je vais essayer de m'adapter, c'est tout. Et puis j'ai Weasley, maintenant.
- J'ai toujours cru que ce n'était pas ton genre. Tu sais, le grand amour, tout ça ? T'es quand même un type qui a potentiellement du sang sur les mains et que ça ne dérange que pour des raisons d'hygiène.
- C'est pas tellement mon genre, ça arrive, c'est tout. C'est peut-être un mal pour un bien. Ca me permettra peut-être de fonder une famille. J'ai tellement envie d'avoir des gosses. C'était génial, quand les jumelles étaient mômes. Pourtant, elles étaient insupportables et j'étais encore jeune.
- Ca lui conviendra, Weasley ?
- On n'a pas tellement le choix. J'imagine mal Le Seigneur des Ténèbres venir au mariage de deux hommes, même de Sang-pur, et embrasser sur le front le mioche qu'on aurait adopté, tout en mangeant des dragées. »
Je hausse les épaules et fait descendre le chat à terre. La cigarette est finie et je laisse à Claes le soin d'en écraser le mégot, je suis toujours pieds nus. Je ne m'attarde pas sur le sol frais de la maison et la traverse rapidement, jusqu'à la chambre que je partage pour le moment avec Jeremiah. C'était amusant, de me retrouver avec tant d'espace dans mon lit, les premiers jours. Mon rouquin dort encore et je passe la main dans ses cheveux pour le réveiller. J'ai toujours été fasciné par cette couleur. Katja est rousse, c'était une bonne raison d'accepter ces fiançailles. Je me penche pour l'embrasser dans le cou. J'ai l'impression que je pourrais tout aimer chez Jeremiah, son odeur en fait indéniablement partie.
« Réveille-toi, mon rouquin au bois dormant. J'ai faim. Faut qu'on aille nager. Allez, lève-toi, je te dis ! Je t'empêcherai de prendre des coups de soleil, t'en fais pas.  »

∞ MOLDU Y ES-TU ?

◗ pseudo / prénom : Elo ◗ âge : 19 ans ◗ avatar : Hugh Dancy note/commentaire votre réponse ici