La petite fille ouvrit les yeux, arrachée brusquement au sommeil par les hurlements stridents de sa mère à l'étage du dessous. S'extirpant de ses draps, elle glissa les pieds dans ses chaussons et sortit en chemise de nuit de sa chambre. Le manoir des Parkinson était beau et luxueux, c'était la grande fierté de ses parents, presque la seule et dès que la moindre trace de délabrement menaçait d'apparaître Genevra le faisait savoir à tout le voisinage. Aussi l'enfant n'avait pas peur d'entendre sa mère s'égosiller, c'était relativement habituel. Et par ailleurs c'était même pire lorsqu'une réception devait avoir lieu sous peu, puisqu'elle était alors encore plus attentive à l'état de la demeure. Poussant la porte du salon après avoir dévalé les escaliers ayant finalement totalement émergée de sa torpeur. «
Artémisia! » s'écria son grand-frère en l'apercevant, ignorant ainsi la poursuite des cris de sa génitrice, qui finalement lui étaient adressés à lui. La petite fille courut dans les bras de son aîné. «
T'es revenu! » Elle avait oublié que c'était le premier jour des vacances de Noël à Poudlard et que comme promis, il était rentré à la maison. Il caressa d'une main tendre les cheveux bruns de sa cadette tandis que Genevra se rendant compte que personne ne l'écoutait s'approcha d'eux. «
Artémisia ce n'est pas une tenue ça..vas te changer immédiatement. » Se détachant du jeune homme, la brunette hocha docilement la tête. «
Oui, vas te changer, on va jouer au quidditch. » lança son frère pour faire rager un peu sa mère. Ravie elle s'élança dans les escalier pour enfiler une robe de quidditch qui appartenait à son frère quand il avait son âge. Ils n'étaient pas du tout pauvres - Merlin soit loué -, mais puisqu'elle ne le voyait pas beaucoup, Artémisia volait souvent ses affaires dans son placard, s'intéressant exprès aux mêmes jeux, aux mêmes passions que son grand-frère.
«
Galadriel? » Le jeune homme réagit distraitement alors qu'il rangeait les balais au fond du jardin. «
C'est comment déjà Poudlard? » Il esquissa un sourire devant la curiosité habituelle de sa petite sœur. «
Je sais que je t'ai déjà demandé ça un million de fois, mais bon deux ans c'est beaucoup! » Elle n'avait que neuf ans et Poudlard semblait encore loin, c'était dur d'imaginer Galadriel s'y amuser, le voir quitter le manoir le sourire aux lèvres. Elle ne se souvenait même pas l'avoir déjà vu toute l'année à la maison étant donné leur huit ans d'écart. Et alors qu'elle devait encore se contenter de rêver de Poudlard, lui avait entamé sa dernière année à l'école de magie. «
Tu sais, je pense que l'expérience que chacun a de Poudlard dépend complètement de la personne. Mais je suis sûr que tu adoreras. » C'était difficilement suffisant pour contenter la fillette, mais faisant mine de comprendre celle hocha la tête. Elle s'installa en tailleur sur l'herbe et son frère l'imita aussitôt. «
T'as une copine là-bas? » S'il fut surprit par la question Galadriel ne le montra pas. Il ignorait comment sa sœur pouvait ne serait-ce que penser à cela, étant donné que leurs parents ne parlaient de relations amoureuses qu'en terme de fiançailles et de mariages, mais il ne posa pas de question. «
Plus ou moins, oui. »
Mais plutôt plus ou moins? voulu-t-elle demander. Elle se retint néanmoins de justesse, et jouant avec les fleurs gelées elle interrogea son frère l'air sérieux. «
Est-ce une sang-pure? » Il la dévisagea plusieurs instants avant d'éclater de rire. «
Eh bien! Ils t'ont bien éduquée ma belle. » Il prit le temps de se calmer. «
Tu comprendras que pour ce genre de choses, ce n'est pas bien important. Mais c'est un secret, d'accord? » Elle n'avait que neuf ans, mais il lui faisait confiance, il lui avait toujours fait confiance. Artémisia était prête à tout pour lui, jamais elle ne le trahirait.
«
Parkinson? » Artémisia hocha la tête, surprise qu'on vienne l'aborder ainsi. On lui avait apprit à être fière de son nom, mais était-ce une façon d'approcher des inconnus? Plus tard elle comprendrait. «
Mon frère connaissait le tien. » Pas plus avancée par ces propos, elle se contenta d'un sourire contrit. «
Bienvenue chez les verts. » Et c'est aussi simplement que cela qu'elle avait trouvé sa place parmi les serpents. Comme une bonne Parkinson qu'elle était. Elle n'avait osé imaginer les décibels dans lesquels la voix de sa mère serait montée si le choixpeau en avait décidé autrement. Elle ne se pensait pas particulièrement ambitieuse, mais en tous cas elle était déterminée et plutôt rusée, du moins à en croire le vieux chapeau magique. Rapidement, ayant bien apprit de son frère, elle avait fait ses preuves à Poudlard, mais ce fut presque en tant que garçon. Ne fraternisant en effet presque qu'avec eux, s'intéressant à leurs activités plutôt qu'à celles dites "féminines" et se mettant peu à peu à avoir des à priori négatifs sur ses camarades de dortoir, les traitant mêmes de « dindes glousseuses et stupides » en secret. Désormais on ne l'appelait plus Artémisia sans se prendre son poing dans la figure. Non c'était Parkinson, Véronika pour les plus courageux, Vince pour les mieux informés. Elle n'avait pas un caractère difficile, juste un peu..trempé. Sang-pure et pleine de préjugés elle refusait catégoriquement ne serait-ce que de s'asseoir près d'un né-moldu. Elle acceptait néanmoins la présence de sang-mêlés qu'elle arrivait même parfois à considérer comme des "amis". Genevra continuant de la contrôler à distance, la jeune fille essaya de préserver toutes les apparences de la famille Parkinson et donc donner l'image d'une petite fille modèle qu'elle n'était pas. Seules ses notes correspondaient aux attentes familiales. Artémisia qui se faisait coller? Artémisia qui se battait? Artémisia qui embrassait un garçon dans les couloirs? Impossible aux yeux de Genevra. Et pourtant, lorsqu'elle atteignit quinze ans il ne restait plus à la jeune fille des préceptes de ses parents que l'obsession de la pureté du sang. Le développement de son corps à l'adolescence lui rappela sa féminité qu'elle récupéra sans perdre son côté tête brûlé qui la définissait avant tout le reste.
«
Mais j'te jure Ash, j'ai vu le calamar géant! » Le jeune homme acquiesça d'un signe de tête, mais semblait peu convaincu s'attirant ainsi les foudres du regard de sa meilleure amie. «
Tu me crois même pas? » «
Mais si, mais si... » Se levant brusquement du banc sur lequel elle était assise dans le parc du château elle s'éloigna boudeuse. «
Vas-y reviens Vince j'rigole! » Il la rattrapa en quelques foulées, mais les bras croisés sur sa poitrine, la jeune femme ne se dérida pas. «
La prochaine fois c'est moi qui te balance dans le lac et oses me dire ensuite qu'il existe pas le calamar. » Elle frissonna en repensant au fait qu'il l'avait - beurk - touché. Plus jamais elle ne mettrait ne serait qu'un doigt de pied dans le lac de Poudlard. Peu importe ce que le jeune homme disait, elle était sûre de ce qu'elle avait vu. Certes, elle avait un peu abusé des bouteilles que les elfes de maisons de la cuisine leur avait gentiment données, mais ça n'enlevait rien à la véracité de ses paroles. «
Deal. » fit Ash moqueur. La Serpentard se retourna vers son meilleur ami pour voir qu'il se retenait toujours de rire, aussi elle le poussa violemment avant de reprendre à grands pas sa route vers le château. Elle se vengerai de cet idiot.
«
Assieds-toi Artémisia. » Obéissant à la figure paternelle de la famille Parkinson, la jeune femme ne se fit pas prier. Le visage ravagé par les larmes de sa mère, suffisait à l'inquiéter. Que Genevra crie c'était normal, mais qu'elle pleure c'était extrêmement rare. «
Écoutes, nous avons essayé de t'- de vous épargnez toi et ton frère, mais...ça ne va plus. » Ca Vince s'en doutait bien. Il était tellement rare qu'elle soit ainsi convoquée par son père, qu'elle avait tout de suite compris que les choses étaient graves. «
Tu es certainement au courant que les gobelins connaissent des problèmes, que l'économie ne va plus trop...enfin...» «
Nous sommes ruinés! » cria sa mère. La jeune femme ne sut comment réagir à cette annonce à ses yeux si improbable. Les Parkinson ruinés? Comment allaient-ils faire, eux qui étaient habitués à un grand train de vie? À une consommation et des dépenses en tous genres d'ordre ostentatoire? Parfaitement immobile sur sa chaise, elle n'osa piper mot. «
Il est évident que ceci doit rester un secret. Tu vas néanmoins devoir restreindre un peu tes dépenses, notamment celles en vêtements. » Un sanglot de Genevra interrompit Salazar qui lui jeta un regard, un peu désespéré de l'attitude de sa femme. «
Cela va s'arranger, mais il faudra faire attention un certain temps. » Vince hocha la tête, elle ferai de son mieux pour protéger l'honneur de sa famille et faire semblant que rien n'avait changé. Elle ignorait que cela faisait déjà deux ans que les Parkinson étaient "embêtés" financièrement. Quand elle revenait au manoir pendant les vacances elle ne prêtait pas attention à l'état des lieux trop occupée à faire le mur certainement. Mais désormais, la nouvelle en tête, elle pouvait remarquer un certain délabrement dans certaines pièces peu utilisées. La fierté de Salazar et Genevra finirait par tomber en ruine si personne n'y faisait rien. Malheureusement elle n'avait pas encore terminé ses études, elle ne pouvait donc pas se mettre à travailler pour aider un peu ses parents comme - elle n'en doutait pas - Galadriel le faisait sûrement. Toutefois elle se promit de faire de son mieux à ses A.S.P.I.C.S qui tombaient plus tard cette année-là, afin d'obtenir la formation de ses souhaits et gagner le plus d'argent possible pour renflouer la dette des Parkinson.
Lorsqu'elle eut terminé sa scolarité, en pleine réception au manoir, sa mère vint néanmoins la prendre à part pour planter une nouvelle graine d'idée dans son cerveau. «
Artémisia, tu es encore jeune, mais saches que si tu pouvais trouver un riche héritier de ton rang prochainement, ça pourrait beaucoup aider nos finances. » Rejetant d'abord violemment l'idée, la jeune femme s'apprêtait à quitter la pièce sans daigner répondre. «
Penses-y. » fut tout ce que dit Genevra alors que Vince rejoignait les invités dans la grande salle qui malgré le manque d'argent de la famille avait accueillit maintes réceptions. S'il y avait bien une chose que la jeune Parkinson ne comprenait pas c'était cela. Pourquoi gaspiller autant d'argent qu'ils n'avaient pas dans de telles soirées? Pour préserver les apparences si chères à sa mère. Cela avait le don d'agacer Artémisia qui par manque d'argent avait du renoncer à emménager seule à Londres pour pouvoir suivre plus facilement sa formation au ministère de la magie. Elle trouvait en effet cela un tantinet plus important que des réceptions, sa formation
elle pourrait s'avérer
réellement utile aux Parkinson. Avide de quitter le cocon familial et de prendre véritablement son envol, il n'est pas impossible que dans un futur proche elle emménage chez un ami ou chez son frère s'il le lui permet, d'autant que son indépendance d'esprit est déjà totalement prise. En effet malgré son jeune âge, Vince est déjà complètement décidée quant à la guerre et a déjà choisit son camp. Elle arbore fièrement la marque des ténèbres, mais bien que ses parents ne se prononceront jamais contre le Lord, elle ne le leur a pas encore dit souhaitant peut-être que cela reste son petit secret.