onze ans, grande salle de poudlard
Sentir les regards sur toi avait toujours été une habitude, et ce depuis ta naissance. Etant l'aîné et héritier de la noble et pure famille Black, tu avais une place importante à trouver dans le monde magique selon tes parents. Peut-être devenir ministre ou directeur du collège Poudlard comme ton ancêtre, Phineas Black. A onze ans, tu t'en fichais pas mal de ta grande destinée. Tout ce qui était important à cet instant était ta répartition dans l'une des quatre maisons de Poudlard, et les regards de la maison de Salazar Serpentard étaient braqués sur toi. Agacé de voir ta vie dictée si tôt, tu les ignorais jusqu'à présent avec brio. Avançant parmi d'autres gamins de ton âge, tu étais bien plus stressé que tu ne voulais l'avouer. Tu avais conscience du poids des attentes de tous mais aussi des tiennes. Jusqu'à présent, jamais tu n'avais vraiment pensé à la maison dans laquelle tu voulais faire toute ta scolarité et tu savais que si tu n'allais pas à Serpentard, les conséquences seraient terribles. Terré dans un coin de la foule se tenant devant l'estrade, tu pouvais à peine entendre ce qui se passait tant les battements de ton coeur étaient bruyants. A croire que tu n'entendais que cela. C'est une voix amusée qui te ramena à la réalité.
« C'est drôle de voir un Black être tant stressé par une simple répartition. Chaque membre de cette famille va à Serpentard, non ? » te demanda un gamin se tenant juste à côté de toi. Levant les yeux au ciel, tu ne pus t'empêcher de rire de façon plutôt discrète pour ne pas avoir une retenue dès la répartition. Détendu pour la première fois depuis que tu avais posé le pied sur le sol de l'école, tu serras la main de ton interlocuteur tandis qu'il se présentait.
« James. James Potter. Et tu dois être .. » commença-t-il avant d'être coupé par une voix féminine plutôt sèche.
« Black. Sirius Black ? » Paralysé, tu souriais à peine aux encouragements de ce James Potter. Tes jambes, comme muées d'une raison, t'emmenèrent d'elles-même jusqu'à l'estrade où tu pris place sur un tabouret un peu bancal. Les yeux rivés au sol, tu crus un moment que ton coeur s'était arrêté tant la scène te paraissait comme au ralenti. Réagissant à peine à l'effleurement du choixpeau sur ta tête, tu fermas les yeux en attendant la sentence.
« Les Black sont réputés pour être très ambitieux et intelligents. Cependant je vois en toi d'autres caractéristiques qui me font m'interroger. Je t'aurais bien envoyé à Serpentard mais tu ne corresponds pas tout à fait .. Voyons .. » Ses paroles te laissent pantois. Il aurait du t'envoyer à Serpentard depuis longtemps déjà. Tu étais un Black mais ce que tu ressentais dépassait toute imagination. Tu étais ravi. Ravi de suivre ton propre chemin et d'éviter d'aller dans cette maison qui ne t'inspirait rien de bon. Heureux, tu étais cependant inquiet de savoir dans quelle maison ce bon vieux choixpeau allait t'envoyer. Les poings crispés et les dents serrées, tu te détendis immédiatement quand il prononça son choix.
« GRYFFONDOR ! » Léger, tu étais conscient de l'onde de choc qu'avait provoqué ta répartition. La table des verts et argents murmuraient entre eux et étaient visiblement atterrés, la maison Serdaigle en perdait leur stoïcisme, les Poufsouffle applaudissaient et les Gryffondor, ébahis, applaudissaient sans bien réaliser l'ampleur de ton entrée dans cette maison. Une fois installé, tu fus ravi de constater qu'on t'acceptait plutôt bien. Les yeux rivés sur l'estrade, tu assistas à l'entrée de quelques élèves dont une fille rousse dont tu serras la main. Quand James Potter fut appelé, tu exultas en le voyant rejoindre la maison Gryffondor à son tour. L’accueillant avec un sourire ravi, tu lui serras la main et commenças à discuter avec lui.
quinze ans, dortoir de gryffondor
Traversant la chambre encombrée de livres, de figurines de quidditch et de malles dispersées un peu partout, tu grimaças quand ton orteil heurta un chaudron en cuivre laissé pour compte. Arrivant avec difficulté à ton lit, tu pris place et commenças à masser ton pied douloureux en lançant un regard noir à James, hilare. Comptant bien lui clouer le bec, tu fis à peine attention au regard suppliant de Remus et au sourire discret de Peter et ne tardas pas à trouver un bon sujet.
« Alors comme ça, il paraîtrait que tu as jeté ton dévolu sur Lily Evans, James. Tu peux nous expliquer ? » Touché. Ton ami stoppa immédiatement de rire pour prendre en compte ce que tu venais de dire. Ignorant son sourire narquois, tu pris en un air innocent quand il répondit du tac à tac.
« Tu peux parler, toi. Tu es sorti avec la moitié des filles de Poudlard. » Rieur, tu levas les mains en signe de reddition tout en faisant comprendre à James d'un seul regard que cette discussion allait avoir lieu un jour à l'autre. Jetant un coup d'oeil à l'horloge disposée sur la commode près de ton lit, tu juras et attrapas ton attirail de quidditch, aussitôt imité par James. Sortant du dortoir en essayant d'éviter le champ de mine qu'il était devenu, tu parvins à te glisser dans le couloir et dévalas l'escalier avec James.
« On va se faire tuer si on arrive une seule fois de plus en retard à l'entraînement de quidditch ! » Ne faisant attention qu'aux élèves te barrant la route, tu soupiras quand tu remarquas que James s'était arrêté pour discuter avec Lily Evans. Faisant immédiatement demi-tour, tu attrapas un de ses bras et le conduisis loin, très loin de cette fille qui obnubilait tant que ça ton ami. Arrivant dans le vestiaire quasiment à temps, tu lanças un regard noir à James qui s'excusa aussitôt.
« Désolé, Patmol. » lança-t-il alors qu'il enfilait une partie de l'équipement obligatoire pour mener à bien un entraînement de quidditch. Prêt le premier, tu croisas les bras et le jaugeas du regard.
« Flirter avec une fille, c'est une chose mais pas quand ça peut nous mettre en retard pour un entraînement. On se serait fait tuer par toute l'équipe sinon. » Conscient que tu avais raison, tu levas les yeux au ciel avant de donner affectueusement une tape sur l'épaule de ton ami.
« Allez, magne toi Cornedrue ! »seize ans, manoir des black
« Sirius Orion Black ! J'espère bien que tu plaisantes ! » s'époumona Walburga Black tandis que tu descendais l'escalier avec tes valises regroupant tes biens les plus précieux. Ignorant ton père et ton frère attroupés dans un coin après avoir été alertés par les cris de ta mère, tu regardas ta mère dans les yeux. Révulsé par ta famille, tu avais pris une nouvelle fois part à une dispute avant de prendre la décision de partir pour de bon. Malheureusement pour toi, ta mère t'avait entendu.
« Je pars, mère. Et n'essaie même pas de m'en empêcher. Vous me dégoûtez avec vos idéaux sordides sur la pureté du sang. » déclaras-tu de façon glaciale et énervée. Attendant bien entendu une réaction démesurée de ta mère, tu fus surpris de constater qu'elle était calme, presque inerte.
« Si tu passes le pas de cette porte, tu déshonoras cette famille dont tu ne feras plus une seconde de plus partie. » Et voilà. Après seize ans à avoir subi des soirées interminables, des bourrages de crâne n'ayant eu aucune incidence sur toi et subi le poids que représente le fait de porter le nom de Black, ta mère se décidait enfin à te poser un ultimatum dont tu connaissais déjà l'issue.
« J'imagine donc que ce sont des adieux. » déclaras-tu sans pour autant mettre autant de conviction que tu ne l'imaginais. Quelque peu nostalgique de quitter l'endroit qui t'as vu grandir et ta seule maison jusqu'à présent, tu lanças à peine un dernier regards à ta "famille" et claquas la porte sans plus de cérémonie. Seul en pleine soirée, tu attendis à peine quelques minutes avant que le magicobus n'arrive. Sortant quelques galions de ta poche, tu laissas l'employé ranger tes affaires et montas à bord.
« C'est possible de m'emmener devant la maison des Potter ? » A peine eus-tu le temps de prononcer ces mots que le magicobus était déjà parti sans que tu n'ais eu le temps de leur donner l'adresse. Une fois à destination, tu sortis, l'estomac au bord des lèvres. Titubant jusqu'au trottoir, valise en main, tu respiras un bon coup avant d'aller sonner à la porte. Laissant entrevoir James quand la porte s'ouvrit, tu poussas un soupire de soulagement.
« Désolé de te déranger mais je viens de partir de chez moi et de me faire déshériter. Il serait possible que tu m'aides ? Parce que je me vois mal aller chez mon oncle, Alphard. »dix-huit ans, appartement, londres
« Ne me dis par que vous avez encore rompu ! » Levant les épaules en l'air, tu n'étais pas vraiment d'humour à plaisanter et encore moins à parler avec James. Aussi louables que soient ses intentions, ta récente rupture avec Dorcas t'avait achevé. Il y avait quelques tensions entre vous depuis que vous aviez rejoint l'Ordre du Phénix tous les deux mais là, elle avait trouvé en son métier une excuse bidon pour rompre. Enfin c'était ce que tu pensais. Apparemment, le fait de rejoindre une équipe de quidditch était suffisant pour elle de rompre. Ce n'était bien sûr pas la première rupture et sans doute pas la dernière mais comme à chaque fois, cela te rendait abasourdi et blessé. Conscient de l'inquiétude de ton ami, tu préféras changer de sujet.
« Comment ça se passe avec Lily ? » demandas-tu, heureux que dans ce monde en proie à la guerre et à la barbarie, ton ami soit enfin arrivé à ses fins et qu'il connaisse l'amour avec Lily. Au moins, une chose positive arrivait et te faisait oublier ta famille, les meurtres et Dorcas.
« Nous, ça va. Je pense au mariage mais je préfère attendre encore un peu. Lily deviendrait folle si je lui faisais une demande si tôt. Mais en temps de guerre, on est jamais sûr de rester en vie un jour de plus .. » Hochant la tête légèrement, tu posas ton regard sur la fenêtre et te perdis dans tes pensées en détaillant le ciel noir, pluvieux et zébré d'éclairs.
« Tu ferais mieux d'aller la retrouver. Elle doit être inquiète pour toi et mortifiée par l'orage. » Le rire de James s'éleva presque immédiatement après que tu n'aies finis de parler. Adoptant un sourire timide, tu dissimulas tes inquiétudes à ton ami comme si vous étiez de retour à Poudlard, là où tout n'était fait d'innocence et de joie de vivre. Rassurant un peu James, tu le conduisis à la porte et sursautas en constatant qu'un patronus en forme de phénix était apparu.
« Sirius. On aurait besoin de toi au quartier général de l'Ordre. On aurait une mission importante à te confier. » N'hésitant pas une seconde de plus, tu quittas à ton tour ton appartement et transplana immédiatement.
dix-neuf ans, appartement de dorcas meadowes
« Comment ça elle a été blessée ? » crias-tu, tenant à peine en place depuis que James avait finit par avouer que la mission de Dorcas pour l'Ordre s'était corsée davantage à cause de l'intervention de plusieurs mangemorts. Véritablement furieux, tu ne pris même pas la peine de dire au revoir à Cornedrue que tu étais déjà devant l'immeuble de Dorcas. Montant les marches quatre par quatre, tu finis enfin par arriver devant la porte en bois menant à l'appartement de cette dernière. Tambourinant bruyamment contre celle-ci, tu ne t'arrêtas que lorsque la jeune femme ouvrit la porte. Heureux de la voir depuis votre deuxième ou troisième rupture, tu ne pus t'empêcher de soupirer de soulagement en la voyant à peu près en forme. Alors que Dorcas allait ouvrir la bouche, tu la coupas sans ménagement.
« Dorcas, tu aurais pu mourir ! » Entendant à peine sa justification très touchante, tu savais que tu n'aurais pu jamais la revoir vivante. Répondant à la jeune femme en parlant avec ton coeur, une de ses répliques te rendirent outragé et furieux.
« Je ne suis pas une enfant ! Je prends me propres décisions je... » Levant les yeux au ciel, tu la coupas à nouveau.
« Tu prends tes décisions sans prendre en compte le reste ! Il y a des gens qui tiennent à toi Dorcas ! Des gens qui t'aiment ! » Mauvaise pioche. Tu savais presque ce qui allait se passer avant de même que cela ne se produise. L'amour était quelque chose de tabou chez toi puisque tu ne l'avais jamais avoué à Dorcas. Cela avait été la cause d'au moins deux ruptures entre vous. Seulement à cause de ton incapacité à dire je t'aime. Et elle le savait pertinemment.
« Tu m'aimes ? Ça serait surprenant après tout ! » Elle venait de marquer un point, et vous en étiez tous les deux conscients. Embêté, tu savais qu'il suffisait de lui répondre aussi simplement que possible. De dire ces trois petits mots qui n'arrivaient pas à sortir de ta bouche. Tout ce que tu fus capable de dire, c'est de prendre pour exemple sa famille. Grossière erreur puisque la jeune femme ne te laissa aucune chance.
« Tu n'en es même pas capable Sirius, tu n'es même pas capable de me le dire. » murmura-t-elle, prenant sans doute conscience que tu ne serais peut-être jamais en mesure de le dire à quiconque, même pas à elle. Ne sachant quoi ajouter, son ordre pour que tu quittes les lieux te brisa le coeur une nouvelle fois. Tendant ta main comme pour arranger les choses, comme pour tout effacer, tu la laisses tomber mollement et quitta l'immeuble en un rien de temps, les yeux humides avant de transplaner jusqu'à chez toi. Une chose est sûre, rien n'était comme avant où vous n'étiez que de simples enfants à qui on promettait un avenir et une vie sans embûches. Un mensonge éhonté. C'était la guerre. Des gens mourraient. L'un de tes proches allait peut-être mourir. Il était temps de grandir et de mesurer les conséquences de tes actes.