onze ans, manoir des rosier
La neige tombait à dru sur la propriété de Amadeus et Clarissa Rosier. Blanchissant les quelques hectares qu'ils possédaient sans répit. Tu avais toujours apprécié l'hiver et la neige jusqu'à présent, et tes premières vacances de noël à la maison gâchaient tout ton plaisir. Accueillie par la gouvernante, seule personne qui tenait un minimum à toi dans cette famille, u avais été directement conduite de la gare au bureau de ton père où se trouvait aussi ta mère. Fait extrêmement rare puisque ton père n'acceptait jamais qu'une femme et encore moins la sienne prenne place dans son espace à lui. Tu n'étais pas dupe et avait bien remarqué l'inquiétude et la peur sur les traits de ta gouvernante. L’accueil avait été froid, bien plus froid que si tu n'avais été admise dans la maison de Salazar Serpentard au lieu de celle de Rowena Serdaigle. Inquiète à ton tour, tu avais perçu le bruit des portes qui se ferment derrière toi comme si c'était la dernière chose que tu entendrais de ta vie. N'osant pas regarder tes parents, tu frissonnas légèrement quand tu entendis la voix de ton père s'élever.
« Ainsi tu as rejoints les rangs de Serdaigle au lieu de ceux de Serpentard. J'espère que tu sais à quel point tu nous as déçu ta mère et moi. » Les yeux toujours rivés au sol, tu n'osais toujours pas les regarder et savais pertinemment que tu allais payer pour ta répartition. Muette, tu te sentis totalement vulnérable quand tu sentis ton père s'approcher de toi après avoir renversé sa chaise au sol.
« Regarde moi quand je te parle ! » cria-t-il avant de se rapprocher davantage de toi. Presque inconsciente de sa main contre ta joue, tu l'effleuras, étonnée de sentir la douleur. Relevant les yeux, tu réalisas que c'était la première fois que ton père te battait, renonçant à tous ses principes de violence. Peut-être que ta répartition à Serdaigle était l'élément déclencheur de tout cela. Tout ce que tu retenais, c'est que ton père n'était pas si parfait que tu ne l'imaginais. Retenant tes larmes afin de ne pas empirer la situation et de rester forte face à la situation, tu ne pus t'empêcher de remarquer que ta mère était assise dans un coin de la pièce et qu'elle te regardait de façon totalement impassible. Peut-être était-ce la solution pour ne pas souffrir et agir raisonnablement ? Effacer toute trace de sentiments était sans doute la réponse à ce problème. Mais cela n’effaçait en rien ta joie de compter parmi les élèves les plus brillants de Poudlard, ni ton intégration parfaite dans ses rangs alors que tu aurais du tout faire pour ressembler le plus possible à une élève de Serpentard et montrer à quel point le choixpeau avait eu faux. Non .. Tu avais beau être intelligente, tu ne savais pas encore comment réagir à seulement onze ans face à tout cela. Adoptant la meilleure des stratégies, tu te repris et redressas le buste.
« Je suis navrée. Cependant je compte tirer un avantage de cette répartition hasardeuse pour devenir l'élève la plus intelligente et méritante de ce collège. Je serais la meilleure en tout. Je deviendrais préfète puis préfète en chef et fera une carrière au Ministère. Je ne vous décevrais plus jamais. » De toute façon, tu ne faisais que répéter ce qu'on t'a toujours dit depuis ta naissance. Tu feras de bonnes études puis entreras au Ministère jusqu'à ce que tes parents te trouvent un mari. La maison que tu devais rejoindre à Poudlard avait été jusqu'à présent le seul inconvénient dans ton parcours. Visiblement satisfait de t'entendre dire ça et d'avoir des excuses de ta part, ton père retourna à son bureau et jeta un regard entendu à ta mère qui quitta immédiatement la pièce. Docile comme il fallait que tu sois quand tu seras mariée. Évitant de ne trop y penser, tu ne te demandais qu'une chose. Comment allait faire ton père pour te punir ? Car de beaux discours, il peut en avoir tant qu'il le veut et c'est facile de mentir, surtout pour quelqu'un d'aussi rusé que toi. La suite fut tout simplement aussi logique qu'horrible. Les sanglots de ta gouvernante et les supplications dont elle gratifiait ton père alors qu'elle venait d'être amenée dans son bureau par ta mère n'arrangeaient rien à son cas. Essayant un maximum de rester stoïque, tu essayais d'éviter de la regarder mais ce n'était pas évident puisqu'elle se trouvait en plein milieu de la pièce. Tu savais ce qui allait se passer, mais le savoir ne t'empêcha pas de souffrir en voyant la scène. Ta gouvernante se tordant à tes pieds en poussant des hurlements terrifiants, puis l'éclair vert illuminant la pièce entière. Les yeux humides, tu réussis à te contenir jusqu'à ce que ton père te dise de disposer. Montant directement à l'étage, tu éclatas en sanglots avec pour seule pensée que la seule personne qui tenait à toi dans ce monde venait d'être mise à mort par ta faute.
quinze ans, couloir de poudlard
Déambulant dans les couloirs après le couvre-feu afin de faire ta ronde obligatoire de préfète de la maison de Serdaigle, tu ressassais ta journée quand un bruit t'alerta. Sortant aussitôt ta baguette de ta poche, tu murmuras un lumos et la pointa en direction de l'endroit d'où tu pensais que cela provenait. Ébahie de constater qu'il s'agissait de Dorian, tu te rapprochas et rangeas ta baguette après avoir annulé le sort. Les poings sur les hanches, tu comptais bien lui clouer le bec. Et étant préfète, tu pouvais très bien le faire.
« Je peux savoir ce que tu fais ici Mulciber ? Le couvre-feu est dépassé là. » lui demandas-tu, furieuse de voir qu'il se permettait de se croire au dessus des règles.
« Figure toi que j'espérais tomber sur toi Rosier. Tu me manquais tellement ! » ironisa-t-il en riant. Pas d'humeur à jouer à son jeu stupide et à rire, tu croisas les bras et te plantas devant lui.
« Ne t'inquiète pas, ça ne va pas durer. Tu as une retenue samedi et j'enlève 15 points à la maison Serpentard. » Visiblement stupéfait que tu oses agir ainsi, Dorian hésita quelques secondes avant de réagir.
« Tu te moques de moi là, Rosier ? » Haussant les sourcils, tu secouas légèrement la tête de droite à gauche pour lui montrer que tu ne comptais pas revenir sur ta décision. Et le voir impuissant devant toi te remplissait de joie. Lui qui aimait tant rabaisser les autres et se croire supérieur à eux, cela devait le rendre furieux. Lui faisant signe de partir et de regagner son dortoir, tu commençais à t'éloigner quand tu sentis un bras te retenir et Dorian te plaquer contre un mur du couloir. Le souffle coupé, tu le regardas d'une façon féroce et essayas de te dégager, en vain.
« Si tu ne veux pas écoper d'une retenue plus importante et être responsable d'une perte colossale de points, je te conseille de me lâcher. » déclaras-tu tout en essayant de conserver un calme olympien. Voyant pour la première fois Dorian furieux de si près et surtout contre toi, tu attendais patiemment qu'il te relâche. Sentant une diminution de son emprise, tu soupiras.
« Bien, tu reviens enfin à la rai.. » commenças-tu avant de sentir ses lèvres écraser les tiennes avec ferveur et désir. Les yeux mi-clos, tu ne bougeas pas et restas paralysée tant la situation paraissait inimaginable. Vous vous détestiez et vous vous le faisiez comprendre très bien jusqu'à présent. Quand tu le sentis se reculer, tu rouvris les yeux et l'interrogeas du regard, ne comprenant pas son geste. Lui non plus ne savait pas ce qui l'avait pris puisqu'il se sauva presque aussitôt. Restant immobile, tu demeurais surprise de son geste mais plus que cela, tu ressentais ce que tu n'avais jamais ressentis jusqu'à présent, et encore moins pour lui. Tu le désirais et ne demandais qu'à être en sa présence. Perturbée par tes émotions et par ce qu'il venait de se passer, tu retournas à la hâte dans ton dortoir et t'enfouis sous ta pile de couverture en priant pour tout oublier. Une chose impossible cependant.
dix-sept ans, manoir des rosier
Tu avais enfin réussi à passer haut la main tes derniers examens et étais sortie avec d'excellentes notes et les félicitations des professeurs. Tu avais été préfète puis préfète en chef. Tu allais entrer dans la vie active mais cela ne suffisait toujours pas.
« Tu as fais des études passables, certes. Mais devenir guérisseuse et pourrir à Sainte-Mangouste ? Il en est hors de question Aédhan. On cherche de nouvelles têtes pour le département de la coopération internationale et tu vas y postuler. » déclara ton père, certain que tu finirais par obéir. Il avait raison mais cette fois, il dépassait les bornes. Choisir lui même ton futur métier était quelque chose que tu n'arrivais pas à tolérer.
« Mais enfin père, être guérisseuse relève de l'excellence et cela me permettrait d'aider les autres. Enfin ceux de sang pur naturellement. Ce serait bien d'avoir quelqu'un qui sache guérir en cas de guerre ! » argumentas-tu, bien décidée à ne pas te laisser faire et à passer ta vie à faire un métier que tu détestes alors que tu vas sans doute bientôt devoir épouser quelqu'un par obligation.
« De toute façon, je ne vois pas pourquoi tu protestes. Quand on te trouvera un bon parti, tu l'épouseras et quitteras ton métier pour être femme au foyer. » Evidemment. Tu aurais peut-être du y penser directement. Ayant cependant une idée pour gagner face à ton père, tu adoptas une attitude bien moins agressive que maintenant.
« Justement. Je peux au moins choisir de devenir guérisseuse jusqu'à un mariage puisque je ne travaillerais plus après. » Forte de ta logique et de ton intelligence, tu savais que tu venais de marquer un point et cela te ravissait. Mais la perspective d'un mariage et de la probabilité d'être femme au foyer assombrirent immédiatement ton humeur. Forte de cet argument, tu constatas avec plaisir que ton père acceptait. Une première puisqu'il avait toujours eu le dernier mot sur chaque aspect de ta vie jusqu'à présent.